Le trône royal (III)
Nouvelle interprétation sur le trône royal aux faces de lions et pieds de taureau.
La formule TP 509 nous informe sur le symbolisme du trône.
L’introduction de la formule est une présentation de l’épouse.
Elle est appelée, le « ciel, p.t » (cf. plus bas §1123a, le ciel est défini comme les étoiles impérissables (= les esprits akhou (TP 610)/les dieux (TP 440)/ le peuple du soleil ?nmmt, cf. infra §1126a). Le ciel « parle ». Cette « parole du ciel » (cf. aussi TP 440), c’est aussi la « parole de l’œil (jr.t fém. = épouse) d’Horus » (TP 422), et la « voix de l’offrande, wdnt (=épouse)» (TP 508) mentionnée à la fin du paragraphe.
Elle est aussi appelée la « terre/pays, tȝ » qui « tremble, sdȝ », exactement comme « l’ennéade ou la double ennéade tremble (sdȝ) » (TP 437, 610) et comme les dieux/sujets du pharaon sont « tête baissée » devant lui (cf. fin de la formule).
Cette terre/épouse est représentée par Geb qui frémit, et les « deux provinces du dieu (Geb) (spȝty nṯr) qui rugissent (nḥmḥm) », i. e. « les deux Ennéades » (cf. fin de notre formule et TP 582) unies au dieu. Ces deux provinces sont symbolisées par deux lions rugissant mentionnés plus bas comme ornement du trône, ce siège signifiant donc les deux provinces/peuple égyptien.
Les deux phrases suivantes décrivent de nouveau l’épouse unie au dieu, au moyen de deux autres images : l’épouse est « la terre/pays labourée » « par la houe, ḥnn » (cf. TP 560, houe, terme homophone avec le « pennis hnn » cf. TP 317) c.-à-d. par le pharaon N.
L’épouse est appelée ensuite « l’offrande wdn.t (= épouse) posée devant le pharaon N/ dieu créateur ».
Puis viennent trois paragraphes introduits chacun par la même phrase exprimant le souhait que le pharaon/dieu N « puisse sortir au ciel (p.t, épouse/humanité) » (§1121), i. e. revivre après la mort pour épouser le ciel (p.t, fem.).
De fait ces trois paragraphes vont développer comment et pourquoi le dieu créateur a voulu épouser l’humanité.
Le premier paragraphe comporte trois images de l’union divine préparant à comprendre la forme et le rôle du trône décrit dans le troisième paragraphe.
Le pharaon « traverse (??) le firmament bjȝ (= épouse) », i.e., s’unit au trône de fer (ḫnd bjȝ)/épouse/champ/peuple (cf. post précédent), trône mentionné plus bas (§1124a) et dont l’homophonie avec le « firmament, bjȝ » indiquait l’équivalence de leur symbolisme.
Ensuite le pharaon « traverse (n?m) le bassin ?z?w (furieux) », i. e. s’unit aux « deux provinces rugissantes », car le premier terme n?m rappelait par paronomase le rugissement (nhmhm) léonin des deux régions évoquées plus haut ; et le second terme ?z?w rappelait par jeu de mot, les lions (m??zw) cités dans le troisième paragraphe portant sur le trône aux faces de lions (§1124b).
Le paragraphe est clôt par l’image du « renversement » par le pharaon N, « des remparts de Chou », pour montrer que N était un « grand taureau sauvage, sm? wr » cité dans le troisième paragraphe comme pieds du trône pour bien signifier que le trône/peuple/épouse et l’époux ne faisaient plus qu’un.
Le deuxième paragraphe est un approfondissement de cette idée d’unité du couple, formé après la mort et le relèvement en vie de N . En effet, ce dernier est décrit comme un « grand oiseau, ȝpd ʿȝ » parce que ses « entrailles jmy-?t » purifiés par Anubis et embaumés comme un service d’Horus en Abydos, symbolisaient les enfants ou quatre fils d’Horus/les dieux/peuple, formant le propre corps d’Horus et de N (cf. aussi TP 370). L’embaumement/purification symbolisait donc l’union de N avec son peuple/dieux/entrailles faisant un seul corps avec N qui en était la tête.
Le troisième et dernier paragraphe est un nouveau développement sur le sens de l’union de N au ciel défini comme les étoiles impérissables. Il s’agit d’une union conjugale car la phrase suivante concerne N avec sa « sœur » ( = épouse), l’étoile Sothis. Celle-ci avec une autre étoile ‘dieu du matin’ Horus, guide N au « champ des offrandes, st ḥtpt », autre image de l’épouse/peuple qui rappelle la métaphore de l’« offrande wdnt »/épouse apparaissant dans l’introduction de la formule.
Ce champ des offrandes (sḫt ḥtp) est assimilé au « trône de fer, ḫnd bjȝ » (=épouse, supra), comme l’indique le parallélisme des deux phrases comportant ces termes (cf. aussi post précédent). Or ce trône est décrit avec une face ornée de lions et des pieds en forme de pattes de taureau, pour montrer l’osmose complète entre N (taureau) et les deux provinces (lions) ne formant plus qu’un seul corps. Mais N en est la tête (= vie/ka/ba (d’où le sceptre ?b?)) car le peuple du soleil ?nmm.t/épouse lui est soumis, « tête baissée » (§1126a).
N est bien la vie spirituelle/ka du corps et c’est pourquoi par deux fois, N est dit « dans, m » (et non « parmi, mm », cf. 1123a) les deux ennéades : N a été « trouvé dans la double ennéade » (§1127a), et N a été « intronisé comme offrande (wdn) dans la double ennéade (1127c)». Cette dernière image montre que N/offrande s’était abaissé à devenir semblable à son épouse/offrande wdnt/humanité, mais pour la diviniser, la rendre offrande (terre, t?) divine (ciel, p.t).
TP 509
P/Cm/E 71 N/A/S B 3
§1120 Le ciel parle (mdw pt)
la terre tremble (sdȝ tȝ),
§1120b Geb frémit (nmnm Gb),
les deux provinces du dieu rugissent (nhmhm spȝty nṯr),
§1120c la terre est labourée (ḫbs tȝ),
L'offrande est déposée devant (litt. sur les bras) de N en vie et stable (sqr wdnt tp-ʿwy N pn ʿnḫ ḏd);
§1121a de telle sorte qu'il sort au ciel (pr=f rf jr pt),
traverse le firmament pour la vie et puissance (ḏȝ=f bjȝ n ʿnḫ wȝs),
traverse le bassin-?z?w (furieux) (nhmj=f ?z?w), (=lion)
renverse les remparts de Chou (sšn znbt Šw), (=taureau)
§1122a de sorte qu'il sort au ciel, pr=f rf jr pt
§1122b les pointes de ses ailes étant ceux d'un grand oiseau (tpt ?n?=f m ȝpd ʿȝ);
§1122c Ses entrailles ont été lavées par Anubis (jʿ jm-ʿt=f jn Jnpw),
§1122c le service d'Horus en Abydos - l'embaumement (purification) d'Osiris - a été réalisé (pẖr p?rwt ?r m ?b?w, wt Wsjr)
§1123a de sorte qu'il sort au ciel parmi les étoiles impérissables (pry=f rf jr pt mm sbȝw jḫm sk)
§1123b sa soeur est Sothis, snt=f spdt
son guide est l'étoile ‘dieu du matin’, sšmw=f dwȝ-nṯr
§1123c et ils prennent sa main au champ des offrandes (nḏr=sn ʿ=f jr sḫt ḥtp)
§1124a de telle sorte qu'il s'assoit sur ce sien trône ?nd de fer (ḥms=f rf ḥr ḫndw=f jpf bjȝj)
§1124b dont les faces sont en tant que lions (ntj ḥrw=f m m??zw)
§1124c ses pieds sont en tant que les sabots d'un grand taureau sauvage (rdw=f m ??gt smȝ wr)
§1125a de telle sorte qu'il se tient debout à sa place vide qui est entre les deux grands dieux, (ʿḥʿ=f jr(=f) jm st=f šwt ntt jmwtj nṯrwy ʿȝw
§1125b son sceptre ?b? en forme de papyrus dans sa main ( ʿbȝ=f mn?, m -ʿ=f)
§1126a (quand) son bras est porté pour les Hnmmet (fȝy ʿ=f jr Ḥnmmt)
§1126b les dieux viennent à lui courbés, jwt n=f nṯrw m ks
§1126c (quand) les deux grand dieux (=Chou et Tefnout) s'éveilleront sur leur côté (rs nṯrwy ʿȝwy ḥr gs=sn).
§1127a Ils le trouveront dans/en tant que les deux Ennéades, jugeant (gm=sn sw m psḏty ḥr wḏʿ mdw).
§1127b Il est le magistrat de tous les magistrats (sr pw sr nb), disent-ils de lui.(ḫr=sn),
§1127c car ils ont intronisé (comme offrande) N dans/en tant que la double Ennéade (wdn~n=sn N m psḏty)
Laure de Lamotte©
b
Statue de Kephren IVe dynastie. diorite; 1m 68 de ht. provenant du temple de la pyramide du pharaon, Giza, Caire.
Fauteuil de la reine Hetepheres, épouse de Snefrou et mère de Chéops.
bois doré, provenant de sa tombe à Giza; conservé au Caire.
Stèle en calcaire de la IIe dynastie (époque thinite) conservée à Munich.
Panneau de bois représentant le médecin et chef des dentistes Hesirê (IIIe dynsatie) provenant de sa tombe à Saqqara et conservé au Caire (1m 14 de Ht et 40 cm de large).
pied de meuble en ivoire en forme de patte de taureau; époque thinite. Hauteur 16 cm.
Paris, Musée du Louvre.
Date de dernière mise à jour : 24/05/2021
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