La mère et la jeune fille

 

Nouvelle interprétation sur la mère et la jeune fille.

 

     Statue (en grauwacke, 84,5 cm de Ht.) d’une triade composée de la déesse Hathor représentée comme une mère enlaçant son fils le pharaon Menkaourê (IVe dynastie), plus petit en taille, mais dont le corps est celui d’un adulte coiffé de la couronne de Haute Égypte et portant la massue Hedj.

Une jeune fille personnifiant le nome du lièvre (Hermopolis Magna) en Haute Égypte apparaît comme la fille d’Hathor uniquement (Museum of Fine Art de Boston).

Cette triade a été trouvée avec trois autres, représentant Hathor cette fois-ci comme épouse du pharaon, et un jeune enfant personnifiant un nome personnifié qui est désigné dans toutes les triades, par trois expressions, d’après les paroles d’Hathor au pharaon : « je t’ai donné toutes perfections (nfrt nbt), toutes offrandes (?tpwt nbt), toutes nourritures (?f?w nbt) qui sont en Haute Égypte à jamais ». Or le rôle de l’offrande était celui de l’épouse (cf. article à venir). Le nome personnifié était donc lié conjugalement au pharaon, comme Hathor.

      Les trois triades représentant Hathor comme épouse du pharaon, sont conservées au Caire, photo infra.  
Toutes ces triades proviennent du temple bas de la pyramide du pharaon à Guiza. Elles ont été mises au jour en 1908 par G. A. Reisner.

        À propos de la triade de Boston, Hathor est «la grande jeune fille » et la « mère »/vache « non humaine » du pharaon, car elle « ne sèvrera pas l’enfant » (infra). De fait Hathor symbolisait « Pé et Nekhen », les « deux chapelles du Sud et de Nord, jtrty »/étoiles/dieux, l'ensemble des nomes/hommes divinisés, liés par une fidélité indéfectible, proprement sponsale (article à venir), au pharaon/enfant :

cf. TP 412 (T/SP/N 1 P/F/Sw A 27 N/F/Nw ii 35 Nta/F/Sw 19 Ntb/F/Se ii 59)
<§725d> Pé navigue en montant vers toi (?sf n=k P), 
Nekhen navigue en descendant vers toi (?d n=k Nḫn),
les pleureuses t'appellent (?sw n=k smntt),
les prêtres imy-?nt (J.P. Allen : ceux qui sont devant) sont vêtus (Allen : revêtent le pagne) pour toi (sw? n=k jmy-?nt.w), 
il y a une bienvenue pour toi, O N, à cause de ton père (jy m ḥtp jr=k N n jt=k), 
il y une bienvenue pour toi à cause de Rê (jy m ḥtp jr=k n Rʿ). 
(...)
§728a: « La grande jeune fille (?wnt wrt) qui habite dans Héliopolis a placé pour toi ses mains sur toi, car il n'y a pas de mère parmi les hommes qui pourrait te porter, car il n'y a pas de père parmi les hommes qui pourrait t'engendrer.
<§729> Ta mère est la grande vache sauvage qui habite dans nekheb, à la coiffe blanche, aux plumes longues, aux seins lourds, elle t'allaite et ne te sèvrera pas (snq=s ṯw, n w??=s ṯw)
(...)
tu apparais dans l'habit royal (jḫʿ=k N, m ?t??t), tes mains prennent le sceptre (jm? ?rt=k ?ms), ton poing tient la massue (?f? ?f?=k ?r ??). 
(...)
Soit debout à la tête des deux chapelles (??? N m ?ntj jtrty), juge les dieux (wḏȝ mdw nṯrw), 
car tu appartiens aux étoiles, qui entourent Rê, qui sont devant l'étoile ‘dieu du matin’ (n-ṯw nḫḫw pẖrw Rʿ tpw ʿwy dwȝ-nṯr) ».

 

           La mère Vache Hathor/terre/pays/Horus et Seth (=Nord et Sud de l'Égypte), était bien l'« épouse » du pharaon symbolisé par l'inondation : 


TP 271 (W/A/S 40 T/A/S 8 P/V/E 16 N/A/W 60) 
« N a immergé le pays sorti du lac (W pj mḥj tȝ pr p š), 
N a arraché (?) la plante de papyrus (w. pj zšš w??),  
N a satisfait les deux terres (w. pj ḥtp tȝwy), 
N s’est uni aux deux terres (W. pj zmȝ tȝwy), (jeu de mot avec smȝ ensuite)
N s’est uni à sa mère la grande vache (W. pj dmj mwt=f smȝt-wrt). 
O mère de N, la vache épouse (mwt nt W., smȝt ḥmt)
qui est sur ((ou) première de) la montagne de pâture (=Horus), (tpt ḏw smj)
qui est sur ((ou) première de) la montagne de l’oiseau z?z? (=Seth) (tpt ḏw zḥzḥ),
les deux piliers sont debout (ʿḥʿy ?dwy), les décombres cassées sont tombées (hȝy ??t), 
et N sort sur cette échelle qu’a faite pour lui son père Rê (pry W. ḥr mȝqȝt tn jrt~n n=f jt=f Rʿ).
Horus et Seth ont saisi ses mains, ils le prennent (šd) pour la ‘Dat’ ».

 

         Cette mère apparaît de nouveau avec sa fille dans le rituel de Confirmation du Pouvoir Royal : une hirondelle symbolisant Isis (=les rives, les égyptiens) annonce et salue Rê à son lever par une prière. Elle évoque sa mère/pays, qui est aussi celle du pharaon.
Toutes deux sont « offrandes », i.e. épouses du pharaon (cf. article à venir): 

     « <XX, 19> Amener une hirondelle vivante au roi. Oindre sa tête avec de l’onguent-m? (wr? tp=s (m) m?) lui placer sa face (=son regard) après (=vers, à travers, traversant) (le pharaon).

Formule prononcée : Or donc, l’hirondelle dévoila sa face lorsqu’elle parla à Rê (=le pharaon) (kf?w rf mn.t ?r=s, mdw=s n R?).

Elle avait trouvé Rê se levant (litt. debout) venant à sa (=de l’hirondelle) rencontre (gm.n=s R? ???(=w) m ?ss=s), l’échanson lui ayant donné l’eau fraîche et les pains-Sd.wt (wb? dd n=f mw šd.wt).

 

<XX, 20> ‘(O) Luminaire du ciel, luminaire de la terre (??w n p.t, ??w n t?)

toi qui te lèves dans le vent (wbn=k m m??),

toi qui ouvres les chemins (sš=k sššy.w)

toi qui brilles sur la poitrine de Ptah (psd=k ?r šnb.t n.t Pt?),

si tu me donnes le chemin (mj rdj=k n=j w?.t),

je trouverai les sorties avec les enfants de ma mère (gm=j pr.w ?n? msyw mw.t=j) ’.

 

<XX, 21> Formule prononcée – Ce qu’a dit l’hirondelle :

O celui qui se lève (au ciel) (j wbn)

O celui qui brille, Celui dont la tresse (de cheveux) est en or ( Ddw j psd, Ddw p? nty ?nks=f m nbw),

Celui qui navigue dans le Noun (?dw ?nty m nwn)!

Toi qui est assigné à tes offrandes (dét. du pain d’offrande) (w?.t m ?tp.w=k)

Ton œuf est brisé à côté de toi (sd sw?.t=k r-gs=k)

(Et) je suis un enfant avec (toi) (jnk [msy m-?](=k)) »  

 

 

          Dans les Chants d’Amour (Nouvel Empire), il est aussi question uniquement de la mère de « la soeur », car elles représentent toute deux, l’Égypte (les dieux/hommes divinisés). Seule la fille/« sœur »/humanité est unie au « frère »/Osiris-Rê, pour les besoins de la transposition de la mythologie, dans un chant d’amour conjugal d'allure standart :

 

« (elle) Il (le frère) est voisin de la maison de ma mère, (sw m s??-t? n pr n t?y=j mwt), 
je ne saurai aller vers lui (nn r?=j šm.t n=f). 
Ma mère aurait raison de me commander ainsi : abandonne de voir cela (cette idée) ! (nfr mwt m ?nw=j m nf, j.??? m?? s.t) ; (…) 
Le frère ne sait pas mon désir de l’enlacer, (bw r?=f n?y=j ?b=y Hp.t=f), 
mon désir qu’il envoie un message à ma mère (mtw=f h?b n t?y=j mw.t) » (P. Chester Beatty c 1,9-2,3).

 

« (Elle) Ah ! si ma mère connaissait mon cœur, (hn mwt(=j) r?=tj jb=j), tandis que cela est entré pour elle à l'instant (jw=s ?q=tj n=s r nw)  ;
Déesse d’or (=Hathor), oui, mets cela dans son cœur et je me précipiterai vers le frère (Nwb.t, h?y, jm s.w m jb=s, k? ?nw=j n sn).
Je l’embrasserai devant les siens (du frère) et je ne pleurerai pas devant ses gens (sn(=j) sw m-b?? n?y=f jry.w, bw rm=j n rm?<=f>).
Je me réjouirai de leur compréhension à savoir qu’il me connaît (ršw=j n p?y=sn ?m r-?d tw=k (?r) r?=j )» (P. BM 10681(=Chester Beatty I v°section C, 4, 3)).

 

« (Elle) Ton amour me retient, et je ne sais le délier (tȝy=k mrwt (?r) ?t?t=j, bw r?=j sf?=f).
Je vais reprendre mes filets mais que dire à ma mère, vers qui je vais chaque jour, chargée de volatiles ? (jw=j r (j)?t n?y=j šnw.w(t), j? k?=j n mwt=j, šmt=j r=s tnw hrw, jw=j ?tp=kw m gr.y)
Je n’ai pas posé de piège aujourd’hui, car ton amour m’a ravie (bw grg(=j) (m) p??m p? hrw, j? (w)j mrwt=k) » (P. Harris 500 (4,8)).

Laure de Lamotte ©

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Date de dernière mise à jour : 24/05/2021

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