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Le trône royal

Symbolisme du mariage égyptien ancien : le trône royal.

 

 

      Statue en diorite du pharaon « Khaefrê, Rê, il apparaît », IVe dynastie, 1m 68 de haut, conservée au Caire, découverte par A. Mariette dans le temple de la vallée de la pyramide.

 

       Le trône porte la représentation des champs, des fourrés de lis et de papyrus (=peuple égyptien du Sud et du Nord), sur lesquels le pharaon/oiseau est assis/posé, car ce trône fut laissé vide par Rê qui n’était plus uni par la connaissance à ce fourré/trône/peuple (TP 267)[1].

   Le symbolisme du « trône nst sur terre »/hommes apparaît aussi dans cette autre formule des Textes des Pyramides (TP 302) dont une composition en chiasme fait davantage ressortir l’assimilation du trône nst aux hommes[2].

 

   La formule des Textes des Pyramides 317 nous informe davantage sur le symbolisme du trône/humanité/épouse de N.

   La formule contient deux paragraphes introduits par la même expression « venir à (l’épouse décrite par une image/symbole) ».

    Le premier paragraphe est une présentation de l’époux divin et de sa filiation. De fait, le dieu Sobek/N est décrit comme celui qui est « en tête (= époux) de l’immergée (ou immersion, m?.t (fém.)) du flot (= épouse, cf. description identique de l’épouse plus loin §508a) ».

    La description suivante du dieu Sobek/N/époux, comporte des traits commun avec ceux de l’épouse car celle-ci formait le corps même de l’époux qui en était la tête/la vie (cf. : « il fait verdir l’herbage (=épouse) » §509a) : ainsi la verdeur (=vie) de ses plumes (cf. verdeur de l’herbe/épouse, plus bas), sa face (cf. le grand œil, jr.t wr.t (fém.)/épouse, §509b) « réveillée » après le sommeil de la mort, son avant (??.t, fém.) « élevé » après la fatigue de la mort.

    Puis, la formule continue par la description la mère de Sobek/N « sorti de la jambe (sbq), la grande queue (?zb.t Wr.t) », cette mère/humanité dont le nom de la jambe, sbq, rappelait celui de son fils le dieu Sobek, comme pour signifier l’union étroite des deux, l’union conjugale, car le qualificatif « grande » donné à la mère (« grande queue »), correspond à celui l’épouse plus loin (« grande immergée (§508a), grand oeil (§509b) »). Cette qualité signifiait le caractère universel, collectif, de cette mère/épouse en tant qu’humanité.

 

     Le deuxième paragraphe concerne l’épouse. Il offre un développement sur les sens du mot « st, place, trône », employé trois fois pour signifier à chaque fois, l’épouse/humanité du dieu Sobek/N., dans des contextes différents et de plus en plus précis, pour faire comprendre jusqu’à quel point le dieu Sobek/N voulait épouser l’humanité.

     La première fois, le mot « st place/trône » signifie « lieu de l’offrande, st ḥtpw » (=épouse, cf. article à venir), les « champs verts de l’horizon », « le grand œil » (=le peuple égyptien/épouse), que le dieu rendait vert/vivant grâce à « sa venue (=union) ». Le dieu s’unit donc à son épouse/trône/peuple, d’une manière qu’il va préciser en reprenant une deuxième fois le mot « trône/place st ».

   Cette fois-ci, le mot place/peuple désigne un lieu qui est reçu par le dieu de sorte qu’il puisse disposer de ses membres, c.-à-d de ses sujets formant son propre corps/épouse. Cette union permettait au dieu de manger, d’engendrer.

     Car le dieu va aller encore plus loin dans son désir union avec l’humanité. Non content d’engendrer des êtres humains via son trône/épouse/humanité/son propre corps, il va profiter du fait que l’épouse humaine représentait l'humanité et que l’époux symbolisait le dieu, pour se substituer à ce dernier et prendre successivement des épouses individuelles pour la place/trône qu’il aime », c.-à-d. pour la place/trône d’épouse du dieu/N (troisième et dernier emploi du mot place/trône, st). Le dieu donnera alors à cette épouse individuelle/trône/champ, la « semence du dieu » (TP 215, 325), « semence d’Osiris » (TP 219, 576) « semence de Rê » (TP 576), semence de Geb (TP 303)  « un fils du dieu, s? n?r » (TP 334, TP 471, TP 569 §1438c), « le fils de Rê » (TP 467, TP 575, TP 691A), un « frère » pour les « dieux » (=les hommes divinisés ; TP 200, TP 302 §460, TP 606)[3].TP 669, TP 649[4]) TP 701A TP 468[5] TP 335[6], TP 337[7] TP 415[8] TP 478[9] TP 506, TP 691B[10], le futur pharaon qui sera, dès la conception, à la fois homme et dieu (cf. article à venir).

 

 

TP 317

W/C/W 8

§507a N est venu aujourd'hui (ou ici) (jy~n N mjn)

en tête de l'immergée du flot (m-ḫnt mḥt ȝgbj).

§507b N est Sobek (N pj Sbk),

dont les plumes sont vertes (w?? šwt),

dont la face est réveillée (rs ḥr),

dont l’avant est élevé (?z ??t),

§507c le déchaîné sorti de la jambe (šbš pr m sbq),

de la grande queue qui est dans la lumière (?bzt wrt jmyt jȝḫw).

 

§508a N est venu à ses canaux (jy~n N r mrw=f)

qui sont dans la rive du flot ȝgb de la grande immergée (jmyw jdb ȝgb mḥt wrt),

§508b à la place st de l’offrande, dont les champs sont verts, et qui est dans l'horizon (r st ḥtpw, wȝḏt sḫ(w)t, jmyt ȝḫt) ;

§509a de telle sorte que N rende vert l'herbage sur les deux rives de l'horizon (swȝḏ N sm ?r jdbwy ??t)

§509b que N puisse apporter la verdeur (faïence) au grand œil qui est au milieu (=qui habite) dans le champ (jnt N tḫnt n jrt wrt ḥr-jb sḫt)

§509c  que N reçoive sa place St (=trône) qui est dans l'horizon (šsp N st=f jmyt ȝḫt)

§510a que N apparaisse en tant que Sobek, fils de Neit, (?? N m Sbk sȝ Nt)

§510b que N mange avec sa bouche, que N urine, que N copule avec son pénis (wnm N m r(ȝ)=f, wzš N, nk N m ḥnn=f).

§510c  N est le maître de la semence, (N pj nb mtwt),

qui prend les épouses de leur mari (jṯ ḥmwt m-ʿ hj=sn)

§510d à la place st que N aime (r st mrr N),

selon son cœur (ḫft jb=f).

 

      De même dans les Chants d’Amour, il y a une allusion à la succession des pharaons/«frères» qui épouseront (litt. viendront à) la jeune fille/l’Égypte :

 

P. Chester Beatty I, stance 4

« (Elle, la sœur, l’humanité épouse) Il s’est enfui, mon cœur (spirituel), en hâte, (jfd(=w) jb=j ?s)

 Depuis que je pense à ton amour (?r s??=j (m) mrwt=k).

(…)

‘Ne tardes pas, que je le rejoigne chez lui (m-jr ???, p?=j (r-)?nw(=f) !

me dit-il chaque fois que je me souviens du frère (?r=f n=j r-tnw s??(=j) sw).

Ne sois donc pas stupide mon cœur (physique) (m-jr n=j p?y=j ??ty w??,) :

Pourquoi fais-tu le fou (j.jr=k ?n ?r j?)?

Reste calme et le frère viendra à toi (?ms qb, jwt n=k sn)

Et beaucoup d’autres également (jrt qnw m mjtt)

Ne fais pas que les gens disent de moi (m rdt ?r n? rm? r=j):

‘une femme égarée par amour ’ (st th=tw m mry) 

Rends-toi stable chaque fois que tu te souviens de lui (smn=tw r-tnw s??=k sw),

Mon cœur (spirituel), ne t’enfuis pas (jb=j jm=k jfd) »

 

Laure Siben-de Lamotte ©

Copyright 9Z04V3

[1] TP 267

W/A/S 24   T/A/S 6  P/A/S 5  M/F/Sw i 1  N/F/Se B 87 

   « <§366b> Il (=N) vole en tant qu’oiseau (jp?=f m ?pd),

et il se pose en tant que scarabée (?nn=f m ?pr),

sur le trône (nst) vide qui est dans ta barque, O Rê (m nst šwt jmyt wj?=k, R?)

    <§367a> Debout (Rê), retire-toi, toi qui ne connait plus (=n’est plus uni par la connaissance) de fourré de roseaux (??? jdr ?w j?m j?wt),

que ce N puisse s’assoir (=union) sur ton siège st (=fourré de roseaux/hommes) (?ms W pn m st=k) ».

[2] TP 302

W/A/N 1  T/A/N 1  P/A/N 7  N/F/Se F 91

§458d La maison de N dans le ciel ne périra pas (n sk pr N r pt),

 le trône nst de N sur terre/pays ne sera pas détruit (n ?tm nst r t?);

§459a Car les hommes (cf. terre) se cachent (d?r=sn rm?)

les dieux (cf. ciel) volent (p?y r=sn n?rw);

[3] Les deux ennéades sont vraiment joyeuses (j???) de te rencontrer (m ‘sf k(w), père Osiris N,

et ils disent :

’un frère est venu là à nous’ (jr n=n sn nn), disent les deux ennéades à propos d'Osiris le roi, père Osiris N.

‘ L'un de nous est venu à nous ’ (jy n=n w? jm=n), disent-elles les deux ennéades à propos de toi, père Osiris N.

‘ le fils aîné de son père est venu à nous‘ (jy n=n s? wr n jt=f), disent-elles les deux ennéades à propos de toi, père Osiris N.

‘ Le premier né de sa mère ’ (wtwt n mwt=f), disent-elles les deux ennéades à propos de toi père Osiris N.

[4] TP 649 : « O Osiris le roi, Geb t'a donné tous les dieux de Haute et de Basse Égypte qu'ils puissent te porter et que tu puisses disposer (F/Ne B v 82) d'eux.

Ils sont tes frères en leur nom de chapelle-Snwt ».

[5] TP 468: « §904 o roi, ton ba (tu es un ba, sois un ba) est tel les bas de On,

 ton ba est tel les bas de Nekhen,

ton ba est tel les bas de Pe,

 ton ba est tel une étoile vivante sb? ?n? à la tête de ses frères; (b?=k sb? ?n? js, ?ntj snw=f) »

[6] TP 335: « son plumage étant son pagne shendjwt en tant qu’Hathor, le plumage d'un faucon (šwt=f m šwt bjk),

de sorte qu'il sort vraiment au ciel parmi ses frères les dieux (pr=f rf jr pt mm snw=f n?rw).

[7] TP 337 : « quand il part au ciel (šm=f rf jr pt) parmi ses frères les dieux (mm snw=f n?rw)

[8] TP 415: « (Tait) toi qui a réconcilié le dieu avec son frère (snsn n?r r sn=f) »

[9] TP 478: « Aimez que N vienne parmi vous, ses frères les dieux (jmr jyw N mm=?n snw=f n?rw);

Réjouissez-vous  de rencontrer N, frères de N, les dieux (j??y m ?sfw N snw N n?rw)

comme Horus s'est réjoui de rencontrer son oeil (mj ??t ?r m ?sfw jrt=f)

quand son oeil lui a été donné devant son père Geb (dj n=f jrt=f m-??? jt=f Gb ».

[10] TP 691B : « Les deux bacs de roseaux sont placés pour N, qu'il puisse s'élever de l'Est à l'Ouest parmi ses frères les dieux (m-?b snw=f

n?rw), son frère est Orion, sa soeur est Sothis, et il s'assoit entre eux dans ce pays à jamais.

 

 

Kephren vert

   Tro ne tp 317

Trône, TP 317.

  

Date de dernière mise à jour : 24/05/2021

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